Namibie, la terre ultime

L’Afrique, c’est différent. Pourquoi ? Je ne le sais pas trop mais j’y sens battre le pouls de la terre, en lien direct avec son magma central. L’Afrique c’est différent mais la Namibie, c’est spécial.

Se promener dans la voie principale de la capitale Windhoek, independance avenue, c’est classique et même vulgairement banal.
Avoir en revanche un hôtel Schillerstrasse ou encore Promenadenweg, demander son chemin en allemand à un Héréro qui répond dans la même langue, ça c’est un peu plus original.
Pas rancuniers d’ailleurs, les Héréros… 80% d’entre eux ont été massacrés par les colonisateurs allemands juste avant la première guerre mondiale. Car la Namibie, l’ancien sud-ouest africain, a été une colonie allemande, puis une sorte de protectorat sud-africain à l’époque de l’Apartheid.
Autant dire que c’est du sérieux, pas vraiment Tintin au Congo…

Swakopmund et Lüderitz, surtout cette dernière, ressemblent à deux petites villes de Bavière au bord de la mer.
La mer, hostile, froide, peuplée de phoques et d’orques, hérissée de récifs avec de nombreuses épaves de navires échoués, éperonnés et qui se dressent presque droits le long de la côte, «skeleton coast », « la côte des squelettes », si bien nommée.

De l’autre côté de la route qui longe la mer, un énorme talus : c’est le désert d’où - paraît-il - des lions descendent parfois.
Quand j’y suis allé, en août, c’était l’hiver austral et ils avaient dû remonter, dégoûtés, jusqu’au fond du désert, des déserts … car il y en a plusieurs.

Le Kalahari, avec les bushmen, qui parlent avec des clics, langage étonnant composé non de syllabes, mais de bruits de bouche et de claquements de langue.

Et puis, au centre et à l’ouest, le royal désert du Namib, avec ses dunes, notre cher Pyla, un peu pâlichon à côté.

En bas des dunes, des lacs millénaires, asséchés depuis toujours, et des arbres morts depuis aussi longtemps, aux noms imprononçables et à la forme improbable.

Pas très loin, les arbres carquois, kokerboom – car on parle aussi l’afrikan en Namibie – immenses aloès aux branches remplies d’une espèce de paille et qui, évidées, servent d’étuis pour les arcs des bushmen.
Assez peu acclimatable, celui que j’ai rapporté est mort en quelques semaines, au soulagement général : cet arbre peut mesurer jusqu’à 10 mètres quand il grandit !

Bien au-dessous du désert du Namib, et au sud, le deuxième plus grand canyon du monde, le Fish River Canyon.
Promenade jusqu’en bas avec un guide sportif. Une fois remontés, une petite déception :
« On n’a pas vu de léopard aujourd’hui » dit-il,
« oh, c’était très bien quand même … ».
« Non, non, n’aies pas peur, il n’y a qu’un animal vraiment dangereux, le boss, le seul animal qui n’ait pas peur de l’homme, l’éléphant ».

Du sud, on repart vers l’extrême nord et le Parc d’Etoscha, avec son immense pan, lac asséché blanc, et ses animaux. Et puis plus haut encore, après quelques heures de piste, à la frontière de l’Angola, les chutes du fleuve Kunene et les himbas, fermiers semi-nomades aux femmes dénudées couvertes de boue rouge. Un saut de quelques siècles en arrière ?
On demande à ces dames où est leur mari, car il y en a un pour plusieurs ; elles répondent qu’il est à la ville, à quelques heures de là, pour récupérer les allocations mensuelles : Ah non, on est bien au XXIème siècle.

La Namibie est un pays grand comme environ deux fois la France, avec deux millions d’habitants, c’est dire que c’est un immense désert, avec des montagnes, des dunes, des terres arides, une mer dangereuse et pratiquement personne.

J’oubliais, le plus beau ciel du monde avec plus d’étoiles dans la nuit que l’univers ne peut en compter, les étoiles de l’hémisphère sud, c’est à dire celles que nous n’avons jamais vues. Le paradis quoi...

Contributeur : Michel R.
Avocat et voyageur